Marinette Jeannerod lauréate du prix Traverses 2023, dispositif de soutien à la critique d’art contemporain

Marinette Jeannerot est lauréate 2023 prix Traverses, un dispositif de soutien à la critique d’art proposé par l’Institut français et les Archives de la critique d’art pour son projet « On s’arrêtera quand la terre rugira : les artistes de l’est congolais face aux urgences socio-environnementales causées par les extractions ».

Marinette est doctorante en arts au Centre Norbert Elias (école doctorale d’Aix-Marseille Université / CIFRE Solidarité Laïque). Elle est également critique d’art, commissaire d’expositions, et membre co-fondatrice du collectif Eaux Fortes. Sa recherche de doctorat porte sur les artistes et collectifs qui dénoncent les conséquences de l’extractivisme des ressources sur le continent africain. 

Le prix Traverses a pour objet de soutenir la production, la publication et la diffusion d’un essai critique portant sur une actualité internationale dans le domaine de l’art contemporain. Marinette est la 8e lauréate de ce dispositif fondé en 2015 et attribué par un jury composé d’historiens de l’art, de commissaires d’exposition, de critiques d’art membres de l’AICA (Association Internationale des Critiques d’Art), de représentants de l’Institut français et des Archives de la critique d’art. Plus…

Installée depuis plusieurs années à Dakar, Marinette a travaillé pour The Art Momentum et IAM Magazine, revues spécialisées sur les scènes féministes et engagées du continent africain. Elle publie régulièrement, sous le nom de Merynet J., des articles et des essais pour des catalogues et revues d’art contemporain (Carnets de la création, Kinshasa Chroniques, The Sole Adventurer) ainsi que pour des revues à comités de lecture (Multitudes, Revue Hermès, INAthèque, RadaR essai-critique). Avec Eaux Fortes, collectif artistique pluridisciplinaire écoféministe et décolonial, elle a été co-commissaire des expositions Maison de Force à Strasbourg (2020), Born Again, Raised By You à Clichy et Taxalé à Dakar (2022). Aux côtés de l’artiste Cléophée R. F. Moser, et des artistes de Eaux Fortes, elle réfléchit aux pratiques curatoriales non-extractives qui défendent une dimension sensible et contextualisée des œuvres, en proposant aux visiteurices des scénographiques immersives. 

Son essai s’appuiera sur la riche production des artistes et les chercheur.euse.s de la Biennale et des centres d’arts de Lubumbashi au Congo-Kinshasa, dont le travail porte sur la « toxicité », observée à la fois à travers les rejets industriels polluants et comme mépris des corps dans le processus d’exploitation et d’extractions des minerais métalliques. A partir de ces savoirs situés, il s’agira de documenter le travail de de Precy Numbi, artiste performeur écofuturiste et militant. Dans ses travaux autour des robot-sapiens « Kimbalambala », Precy se joue de la représentation du robot comme synonyme de progrès technologiques, en réalisant des costumes composés d’une autre ressource qui se trouve massivement dans la région : les déchets automobiles et électronique rapiécées. Precy Numbi et ses éco-héros proposent de survivre à un monde toxique en mutant.

Le texte de Marinette Jeannerod sera publié en français et en anglais dans la rubrique « Essai/Essay » du n° 61 de la revue Critique d’art (automne/hiver 2023).

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Image : Precy Numbi / Kimbalambala en préparation avec les enfants sorciers costumés en robots cartons, Binza Ozone, Kinshasa, 12 juillet 2018. – © Marinette Jeannerod.